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« Chacun de mes engagements vise un impact positif pour le territoire »

29 Mai 2023

Troisième génération aux manettes du Groupe Ippolito à Villeneuve-Loubet, Pierre Ippolito préside une entreprise de 1 000 salariés pour un chiffre d’affaires de près de 250 millions d’euros dans quatre secteurs : l’automobile, son activité historique sans cesse confortée, l’immobilier, le tourisme et l’industrie depuis 2016. Également président de l’Union Pour l’Entreprise (UPE) des Alpes-Maritimes, il vient de rejoindre la Fondation Université Côte d’Azur. Une implication naturelle pour un dirigeant qui fait du rayonnement de sa région la source et le but de ses actions économiques et sociales. 

Vous êtes un véritable enfant de la Côte d’Azur… Vous y êtes né, vous y avez grandi et vous dirigez votre groupe depuis Villeneuve-Loubet. Mais si d’autres dirigeants ou membres de la Fondation ont accompli leurs études ailleurs, vous avez un lien déjà plus intime avec l’Université Côte d’Azur puisque vous en êtes diplômé, avant de compléter vos qualifications chez Skema, à Sophia-Antipolis… Quel regard portez-vous avec quelques années de recul sur cette formation universitaire ?

J’ai effectué un DUT en Gestion des Entreprises et des Administrations à l’Université avant de partir en école de commerce. Le programme correspondait à mon projet professionnel de me former à la gestion d’une entreprise familiale. Ce cursus post-bac me paraissait cohérent avec mes aspirations, plus qu’une prépa que je voyais plus théorique. Je me suis réjoui ensuite de mon choix : ce que j’y ai appris était très concret, très pragmatique et très opérationnel et m’a été le plus utile dès que je suis entré dans le monde du travail. De plus, comme j’étais très attaché à mon territoire, cette formation m’a permis d’y rester un peu plus longtemps ! Je n’ai jamais ressenti à ce moment-là le besoin d’aller voir ailleurs parce que je voulais mieux m’imprégner de ce territoire, mieux le connaître, le ressentir… plutôt que de chercher à me doter d’une vision internationale comme on pourrait le « vendre » à un étudiant dans notre société actuelle.

Nous disposons de formations de grande qualité ici. L’herbe n’est pas forcément plus verte ailleurs.

Dans cette logique de spécialisation de mon approche territoriale, j’ai poursuivi mon parcours chez Skema à Sophia Antipolis. 90% de son réseau étant en dehors des Alpes-Maritimes, j’ai pu m’ouvrir à d’autres expériences, indispensables de temps en temps, pour mieux juger et apprécier les atouts et défauts de son territoire. Skema m’est apparu comme le bon compromis pour continuer à conforter mon réseau personnel et professionnel localement tout en me dotant de ces expériences internationales…

Est-ce que le jeune homme que vous étiez vibrait déjà d’une fibre entrepreneuriale ?

J’avais un attachement, une sensibilité et une proximité fortes avec l’entreprise familiale, à travers mon grand-père qui l’a fondée. Mon implication s’est donc faite naturellement et très tôt puisque, à 18 ans, avant mon bac, j’ai émis le souhait de la reprendre ! Mon cursus a découlé de cette ambition.

Les transmissions nécessitent souvent, pour le dernier venu, de bouleverser des habitudes, la culture instaurée par les générations précédentes… Comment avez-vous procédé pour lancer la profonde évolution stratégique qui a transformé la PME Ippolito en ETI dans une région qui n’en compte pas beaucoup ?

Je considère que chaque génération doit pouvoir apporter sa patte à l’entreprise. Mon père et mon oncle l’avaient fait pour mon grand-père quand ils l’ont rejoint. L’avantage est double : nous amenons un regard neuf, un recul sur cette histoire, tout en la connaissant depuis tout petit parce qu’on porte son ADN ! J’ai émis ma vision, elle a été partagée par la famille et l’entreprise a pu ainsi prendre des virages, respectueux d’une culture bâtie depuis 50 ans, qui visaient à renforcer son impact sur l’ensemble du territoire.

Nous étions une PME de la Côte d’Azur, nous sommes maintenant une ETI de la Côte d’Azur. C’est donc possible de construire et développer une telle aventure ! Si notre modèle peut créer des vocations chez d’autres entrepreneurs à la tête de belles PME, c’est un encouragement à oser…

Nous avons agi sur deux axes pour atteindre et structurer cette taille critique : d’une part, une expansion sur la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, d’autre part, une diversification de nos activités. A mes yeux, une ETI impacte beaucoup plus son territoire qu’une PME ou une grande entreprise. Elle dispose de moyens importants tout en possédant son centre de décision localement, des dirigeants qui y résident et s’y investissent personnellement et professionnellement.

Votre croissance sur l’immobilier, le tourisme, l’industrie s’est-elle concrétisée en saisissant des opportunités dont d’autres, à l’extérieur, auraient pu s’emparer ou parce que vous la conceviez comme la seule voie d’expansion envisageable ?

Nous avions déjà une culture de diversification de nos métiers dans le secteur de l’automobile, autour du camion. Nous en avons dégagé des certitudes sur la manière d’agir. Comme nous ne voulions pas être des nationaux ou des internationaux par un développement géographique, il nous fallait trouver de nouveaux leviers de croissance organique pour rester impactant régionalement. Nous sommes donc allés chercher des métiers à fort potentiel sur notre territoire. En les diversifiant, nous limitions parallèlement notre risque de dépendance à l’un ou l’autre des secteurs d’activité.

Le camion: activité historique du groupe

Vous avez, comme sur l’univers du camion, pris soin d’approfondir chaque branche en couvrant divers métiers…. Votre démarche donne le sentiment que vous cherchez systématiquement à vous situer du point de vue du besoin de l’usager, du client. Votre approche dans l’immobilier en atteste.

Quand nous pénétrons un nouveau secteur, nous avons dans le sang la volonté d’en maîtriser la chaîne de valeur, de nous positionner comme un acteur global. C’est notre logique entrepreneuriale. Dans l’immobilier, nous aurions pu nous contenter que de la transaction, en ouvrant des agences, localement puis nationalement.

Mais, là encore, notre ambition, c’est notre territoire, les Alpes-Maritimes et la région. Comme il est en soi limité, il faut partir du client et des prospects de ce territoire, voir comment leur fournir une offre globale puis agir pour greffer les métiers susceptibles de la constituer et la maximiser.

S’ils dépensent 100 euros dans l’immobilier dont 10 euros sur chacun de 10 métiers, nous préférons conquérir 80 sur ces différents métiers plutôt que de viser 10 sur un seul. Nous optimisons mieux notre impact sur l’ensemble des citoyens.

Après trois années de bouleversements divers pour les entreprises (gilets jaunes, COVID, crise énergétique, inflation…), cette stratégie de diversification s’avère-t-elle plus pertinente que jamais ?

Cet environnement fluctuant, mouvant, inconnu justifie qu’il vaut mieux disposer de plusieurs pieds pour conserver sa stabilité ! Nous en avons quatre aujourd’hui. Le groupe en est conforté économiquement, dans son organisation et dans sa pérennité. L’automobile représente 80% de l’activité du groupe, l’immobilier 10%, le tourisme et l’industrie 5% chacun. L’idée est bien évidemment de développer l’envergure des plus petites branches.

Comment avez-vous entretenu tout au long de ces déploiements votre rapport avec l’Université ?

Je m’inscris dans la tradition familiale. Mon grand-père a toujours milité pour former et accompagner les jeunes du territoire. Tout notre encadrement est ainsi issu de CAP, de Bac Pro, de diplômes acquis ici, grâce aux passerelles naturelles tracées entre le monde de la formation et notre entreprise pour identifier et capter les talents. Notre proximité avec l’Université est nécessaire pour réussir à trouver les compétences qui nous aideront à bâtir le monde de demain.

Comment avez-vous construit votre engagement pour le territoire hors de votre entreprise ? Vous avez été élu en mars 2022, à 33 ans, président de l’UPE 06, vous venez d’entrer à la Fondation…

L’engagement sociétal est également un fondement historique des dirigeants de l’entreprise. Mon grand-père était à la Chambre de commerce et au Comité des fêtes, mon père et mon oncle dans les tribunaux de commerce… Je me suis d’abord engagé dans l’ombre, sans mandat officiel, au cœur de projets structurants pour le territoire. Le faire au grand jour est venu avec la volonté d’accroître l’impact de mon action, à travers le groupe, l’UPE ou la Fondation, pour contribuer à l’attractivité des Alpes-Maritimes. L’UPE rassemble 10 000 entreprises, c’est un poids non négligeable. Ma conviction est de capitaliser sur des institutions historiques avec un regard neuf et un discours moderne afin d’attirer des générations d’entrepreneurs qui ne se trouvaient plus en phase avec elles pour diverses raisons et de générer une nouvelle dynamique.

Quant à la Fondation, c’est naturel, les liens avec l’Université sont privilégiés par mon parcours et ma perception du rôle de mon entreprise, de l’UPE 06, vis-à-vis de la jeunesse… La Fondation est un levier pour agir sur le volet éducatif en étant impactant. La nouvelle équipe m’a convaincu que nous pouvions ensemble porter une vision commune.

Souhaitez-vous valoriser particulièrement des axes de travail, des priorités, pour promouvoir l’intérêt de coopérer avec l’Université auprès d’entrepreneurs qui se font parfois une image faussée de l’environnement académique ?

L’Université a un panel d’activités large mais méconnu du monde entrepreneurial. Nous voulons les mettre en lumière pour les faire connaître et créer de la connexion sur des projets… Avec le président de la Fondation, nous voulons défendre une vision de long terme, pérenne et impactante, porter des projets qui vont structurer le lien entre le monde universitaire, la jeunesse, l’entreprise et le territoire.

Université et entreprises, même si elles ont parfois du mal à communiquer, sont liées et doivent l’être. A la différence des Etats-Unis, la France n’a pas une culture de la Fondation. Nous avons à apprendre des fondations américaines pour démultiplier le rayonnement et les retombées de nos actions. Cette Fondation détient les meilleures cartes pour rapprocher les deux mondes.

Quand notre pays regrette « la fuite des cerveaux », souhaitez-vous aussi démontrer aux jeunes en études supérieures que l’opportunité de s’épanouir demain, ils peuvent la puiser dans ce territoire ?

La Côte d’Azur a tout pour attirer et conserver les talents. L’économie est dynamique, elle est perçue comme telle dans la région et en France. En résidant dans le même logement, il existe une grande diversité de métiers et d’écosystèmes accessibles dans un rayon de 50 km, à Nice, Cannes, Sophia, Grasse, Carros… Notre aéroport international permet de toucher le monde entier et au monde entier de nous toucher. Nous pouvons travailler partout. De la start-up à la grande entreprise, il existe une place pour tout le monde et donc une voie pour chaque étudiant de gagner sa place comme entrepreneur ou salarié, de s’épanouir professionnellement, même s’il évolue dans sa carrière. Ce qui n’exclut pas, pour que ce potentiel entre dans une dynamique exponentielle, de vouloir continuer à régler les problématiques de logement, de foncier ou de mobilité qui persistent, du fait de son attractivité.

La Fondation veut accroître ses moyens financiers pour décupler ses actions. Que diriez-vous donc à d’autres chefs d’entreprises pour qu’ils s’engagent à ses côtés ?

Pour être impactant dans une Fondation, il faut être nombreux.

Un chef d’entreprise ne peut pas se borner à critiquer le monde éducatif et rester dans cette attitude, cela n’a absolument aucun effet pour le développement du territoire ! En revanche, s’investir paie immédiatement. La Fondation a besoin de l’énergie et de la vision d’entrepreneurs pour faire s’effondrer les préjugés historiques, peser et progresser…

Je m’emploie à le communiquer aussi auprès de mes salariés car chaque action positive est un motif de fierté, d’appartenance plus forte, et participe à la reconnaissance. Le groupe Ippolito a d’ailleurs entamé une réflexion collective en vue de devenir une entreprise à mission. Pour réussir, les collaborateurs doivent y croire et être moteurs dans cette démarche.

 

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